Résidence d'artiste

"The city of Marseille became my theatre, and the people of Marseille became unwitting actors, acting out a complex play of existence."

Emily Gillbanks

Encourager la créativité, la recherche et l'expérimentation

Dans le cadre de ses actions philanthropiques, Chargeurs Philanthropies a souhaité ouvrir un programme de résidence afin d'accueillir des artistes internationaux émergents, exerçant dans divers domaines culturels tels que la peinture, la sculpture, l'écriture ou la musique. Pour les artistes cherchant à renforcer leur pratique artistique et leurs réseaux, les résidences peuvent constituer le cadre idéal, en offrant des espaces de studio, des contextes stimulants et des contacts avec des pairs, des conservateurs et des marchands partageant la même passion. La résidence se déroule à Marseille, en France, au bord de la mer Méditerranée, dans le village de pêcheur du Vallon des Auffes. Non loin de là, Cézanne, César, André Masson et tant d'autres ont trouvé l'inspiration dans les couleurs et le mode de vie typique de Massalia, cette ancienne colonie grecque. Moderne, dynamique et émergente, la ville est idéale pour accueillir les artistes du monde entier. Chargeurs Philanthropies offre du temps et de l'espace dans un environnement contemplatif et solidaire, donnant au résident la liberté de penser, de créer et de se connecter. Nous sommes très heureux d'accueillir cette année, Emily Gillbanks, une jeune artiste londonienne, portraitiste douée, saluée plusieurs fois par la critique et récompensée par plusieurs prix.

Une inspiration nouvelle

Le programme de résidence se veut plus qu'une importation ou une exportation de culture, il est prêt à fonctionner comme un facilitateur et un partenaire de projet dans le domaine artistique. La France a toujours été un refuge pour les artistes internationaux depuis la Renaissance et surtout après la Révolution Française. C'est cet esprit bohème que nous souhaitons partager et c'est pourquoi nous offrons l'opportunité à de jeunes artistes étrangers, fascinés par la richesse de notre patrimoine et par notre liberté intellectuelle, d'expérimenter notre "Art de vivre à la française" et de créer à leur guise.

Emily Gillbanks nous livre son manifeste marseillais :

"En parcourant les rues de Marseille, j'ai tout de suite eu l’attrait de peindre les inconnus que je croise, leurs vies imbriquées dans le tissu de la ville. Chaque rencontre est plus qu'une simple observation fortuite. À l’ère de l’hyperconnectivité, l’acte d’observer la vie de ces inconnus a pris une nouvelle dimension dans ma pratique de la peinture. Être dans une ville et ne connaître personne signifiait que je devais trouver de nouveaux sujets à peindre. L’acte d’observer les gens est récurrent dans ma pratique, et mon regard devient une fenêtre virtuelle sur la vie d’inconnus. À cette occasion, mon exploration voyeuriste est alimentée par l’appétit insatiable de connexion et de documentation de notre ère numérique. La ville de Marseille est devenue mon théâtre, et les Marseillais sont devenus des acteurs inattendus, jouant un jeu complexe de l'existence. J'ai découvert de nombreux personnages lors de ma visite quotidienne à la Plage des Catalans. La plage se trouve à dix minutes à pied du Vallons des Auffes où se déroulait la résidence d'artiste. J'y ai rencontré plus d'une fois chaque sujet de cette série de peintures, Marseille étant la deuxième plus grande ville de France, il est presque incroyable que l'on puisse reconnaître le même visage plus d'une fois. Chaque jour, comme un rituel, je m'y rendais. A la même heure, un spectacle silencieux se déroulait sous mes yeux, révélant les personnages immuables de cette scène côtière. La silhouette d'une sans abri, perchée sur un banc patiné, est devenue un personnage incontournable de mes pérégrinations. portant les mêmes vêtements élimés qui témoignaient d'innombrables levers et couchers de soleil.

Marseille, terre des Arts et de la synchronicité

Au fur et à mesure que la journée avançait, un autre personnage émergeait : un homme, vêtu d'un maillot de bain beige qui reflétait la teinte du rivage, une serviette orange vif sous sa peau fortement bronzée par les rencontres incessantes avec l'étreinte de la Méditerranée. Ce personnage est devenu une toile vivante, sa forme ne faisant presque qu'un avec la plage elle-même. Pourtant, au milieu de cette tendance voyeuriste, la théorie de la synchronicité jette une lumière qui suscite la réflexion. Inventée par Carl Jung, la synchronicité suggère que des événements apparemment sans rapport sont liés par des coïncidences significatives. Au fur et à mesure que je rencontre ces inconnus dans les rues de Marseille, un fil subtil d’interconnexion est apparu. Les frontières entre l'observateur et l'observé s'estompent, se demandant si l'acte de peindre ces étrangers est motivé uniquement par mon impulsion créatrice ou si je suis animée par quelque chose de plus profond. La distance entre moi et les sujets que je choisis de peindre permet à nouveau d'observer la vie à la manière d'un processus d'acquisition de données. Je ne peux peindre que les gens que je vois sans vraiment les connaître. Le fait de capturer ces moments sur toile devient une exploration de la double nature du voyeurisme moderne et des forces mystiques qui semblent guider ces rencontres. Les étrangers, ignorant leur rôle de sujets, deviennent les vaisseaux d’un récit plus vaste – un récit qui tisse le banal avec l’extraordinaire, l’individuel avec le collectif et l’observateur avec ce qui est observé. En fin de compte, ma représentation de ces étrangers dans la tapisserie vibrante de Marseille résonne non seulement avec mon parcours artistique, mais aussi avec le tissu plus large de la ville elle-même. J'ai eu la chance d'observer la vie ici temporairement, et comme le suggère la théorie de la synchronicité, peut-être que ces rencontres fortuites et le fait de peindre les personnes que j'ai rencontrées par hasard nous rappellent qu'au milieu de nos tendances voyeuristes, il existe une profonde interconnexion qui transcende les interactions superficielles dans lesquelles nous nous engageons quotidiennement."

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